Un billet sans rapport avec les pistoleros de la piquouse qui sévissent dans le milieu de la Pop-Music.
Quelques jours seulement ont passés, et je ne me souviens déjà plus ce qui m’a poussé à débuter mes recherches sur le toponyme « Les Duanes » figurant sur une carte de « In the Shadow of the Hill ». Il est possible que j’aie trouvé étrange que le briefing en anglais désigne le lieu sous deux orthographes différentes, à quelques lignes d’intervalle, ou que le nom m’est apparu trop éloigné des formes habituelles du français pour ne pas titiller ma curiosité.
Toujours est-il qu’il a sûrement fallu bien peu de choses pour mettre en branle ma propension au Zèle, ce même zèle et cette même rigueur qui me convainquent toujours d’être habillé de chaussettes propres durant l’acte sexuel.
J’étais donc parti pour quelques farfouillages sur le ouèbe, à la recherche de l’orthographe véritable de ce qui n’est qu’un lieu-dit composé d’une charmante petite maisonnette et de deux vastes granges : « Les Duanes ». Je dois avouer que ce genre d’enquête me passionne facilement. De manière générale, Il ne s’agit pas tant de collectionner les informations historiques et toponymiques que de reconstituer leurs filiations et d’interroger la qualité des sources. En effet, ce n’est pas parce qu’on trouve deux informations concordantes à deux endroits distincts qu’on approche de la Vérité. Car il est fort possible que les deux mentions s’abreuvent à la même source, et cette dernière n’est pas nécessairement digne de foi. Interroger les faits historiques, c’est donc reconstruire ce qui lie l’enchevêtrement des informations reprises de publications en extraits, de résumés en synthèse, pour parvenir à reconnaître et à « toucher » l’Information de Première Main (qui n’est pas forcément digne de foi elle non plus, un témoin direct ayant parfois de très bonnes raisons de ne pas dire la vérité-ou tout simplement de ne pas la connaître).
Je n’avais dans notre cas précis aucune intention d’aller parcourir les kilomètres à la rencontre d’un vieillard chenu qui habite peut-être cette maison et lui demander comment diable il l’appelle, ou l’a appelé en 1944. Difficile alors d’aller « très loin » avec le seul Ouèbe à disposition qui, pour faire écho à la complainte de Laurent Joffrin, ne distille pas toujours la vérité.
Bref, entre Fontaine-Etoupefour et Maltot, au pied de la fameuse Côte 112 dont on a dit que « Qui tient la Côte 112 tient la Normandie », on retrouve bien le lieu sur Google Earth, à quelques centaines de mètres du Château de Fontaine. Il n’est pas nommé « Les Duanes » mais… « Les Daims ». Et c’est évidemment là que l’enthousiasme me gagne, comme l’excitation gagne Columbo le nez dans les bas-résilles de sa femme. S’agit-il d’une erreur du scénariste ? d’une erreur originelle des militaires anglais ?, d’une donnée erronée de Google Earth ou encore d’une toponymie qui aurait évolué ces 60 dernières années? Je suis encore incapable de trancher, d’autant que le lieu est si précis qu’il est rarement détaillé sur les cartes de l’époque. J’ai néanmoins dégoté d’une nouvelle source un indice qui me semble signifiant : on y parle cette fois des « Dauns » et non plus des « Duanes » (voir aussi plan ci-contre)
Sans pouvoir être catégorique, je serais donc tenté de penser, par l’existence de deux termes distincts mais phonétiquement similaires, qu’on se trouve en face d’une sonorité librement retranscrite par les anglais. Une mâchoire anglo-saxonne est, on le sait, devenue incapable -altérée à force de millénaires d’unions consanguines- de prononcer « Les Daims » comme un français le ferait. Essayez de faire dire à un anglais « Une tortue trottant sur trois toits » sans qu’il finisse par s’avaler la langue, juste pour voir. « Les Daims » seraient donc, selon mon hypothèse, devenus indifféremment « Les Dauns » ou les « Duanes » sur le papier pour rester fidèle non pas à la calligraphie originale, mais au terrible accent albionesque.
En escamotant Les Daims, les anglais ont ainsi « tué » Bambi, au pied même de la Côte 112, le matin du 10 juillet 1944.
Pour ma part, j’ai donc décidé de traduire « Les Duanes » par « Les Daims » dans les quatre briefings de la série « In the Shadow of the Hill » (Opération Jupiter- combats pour la Côte 112)…tout en laissant « Les Duanes » sur les cartes. Une façon de brouiller les pistes et laisser un peu d’avance à ces charmantes bestioles, avant que nous ne puissiez trop vite les retrouver au bout de votre fusil.
Briefings de In the Shadow of the Hill 5 AM — In the Shadow of the Hill 6 AM — In the Shadow of the Hill 7 AM — In the Shadow of the Hill 8.30 AM — Ces scénarios sont jouables séparément ou en « campagne ».
Bravo, c’est effectivement les Daims. Un AAR retraçant cette bataille sur CMAK et son contexte historique vient d’être publié sur Appui-Feu. Sinon voici une carte officielle de 2008 de la commune de Fontaine Etoupefour (la ferme des Daims se trouve en bas de la carte).
http://www.calvados.equipement.gouv.fr/IMG/pdf/ppr_bvo_pl04_cle7a5c53.pdf
Oups le lien vers l’article d’Appui-Feu.
Pour ma part les scénarios In the Shadow of the Hills sur CM/BN font partie des meilleurs.
http://www.appui-feu.com/modules.php?name=News&file=article&sid=357
Allons-y carrément avec la vue Google Street des Daims aujourd’hui:
Un joli petit coin de campagne constitué d’un bâtiment d’habitation et de quelques dépendances.
Je constate que dans l’AAR sur AF (en lien au dessus), selon l’auteur et le paragraphe, la confusion règne de la même manière: on y trouve aussi bien « les Duanes » que « Les Daims » 🙂
Je n’ai pas encore joué ces scénarios pour CMBN Commonwealth Forces mais traduire les briefings donne toujours envie de s’intéresser à la situation, et de la jouer du coup. Un AAR en version CMX2 serait probablement intéressant (même si en terme de photogénie, les combats de nuit ne sont pas terribles -l’attaque débute à 5 H 00-, faudrait probablement trafiquer les gammas pour le confort de lecture).
A noter que l’AAR que tu indiques est un unique scénario qui regroupe ce qui est proposé en deux scénarios dans In the Shadow of the Hill version CMBN.
En effet, la capture ferme des Daims ne concerne que le premier scénario, et la prise du Château de Fontaine le second (soit « 5AM » et « 6AM »)
J’ai par contre trouvé assez bizarre que la carte des scénarios CMBN apparaisse « surdimensionnée » par rapport à la zone de combat attendue. Il y a quasiment une moitié de la carte en trop dans le sens de la largeur…et du coup, propice à une tentative de contournement sûrement peu académique au regard de l’histoire.
(PS: Tes messages ont été bloqués automatiquement à cause des liens, protection anti-spam oblige. Sorry. Après que le blog ait été victime d’une vague de quelques 600 messages en une matinée, j’ai semble t’il trouvé un plug-in ‘achement efficace. Je vais « remonter » la tolérance en nombre de liens possibles, histoire de ne pas se faire systématiquement plaquer au sol comme un suspect délinquant par un vigile un peu trop zélé, et ce dès qu’on met un lien. On verra bien :P)
Salut Carlo-Holmes, ton enquête était marrante et bien foutu au final, je pensais que c’était vraiment les Douanes … Pour en revenir au scénar de CMBN, la carte est utilisée pour les 2 ou 3 scénarios dont tu parles, ce qui explique sans doute cette espace en largeur inutilisé. C’est une bataille ou malgré les forces conséquentes du côté anglais les pertes en infanterie sont importantes notamment dans le bois en fer à cheval à l’instar de ce que décrit l’article historique accompagnant l’AAR. En lisant ce dernier on à l’équivalent des difficultés qui attendent les anglais dans sa contrepartie CMBN.
Carlos pointed me in the direction of this post.
When making the map my main reference was the British Army 1:25000 map of the area. I also wondered what Les Duanes meant, and like you am not even sure of the correct spelling.
On the 1/25000 map it is referred to as Les Dauns, but all other written reference is to les Dauanes and describe it as a farm complex.
That’s as much as I know.
P