Si vous êtes directement arrivé sur cette page sans au préalable avoir consulté le billet d’introduction consacré à ce Récit de partie, nous vous invitons à faire un rapide demi-tour avant de revenir par ici, mieux informé sur le contexte et l’objectif de cette narration.
Si c’est déjà fait ou que vous êtes de cette sorte de personne à qui on ne donne pas de conseils Manquerait plus qu’ça, nous pouvons dès maintenant passer à une rapide revue des troupes en image.
Une section d’infanterie allemande et ses armes AC, son QG, une mitrailleuse MG42 en appui ainsi qu’un blindé léger PSW 234/1. Un quarantaine d’hommes au total.
Le screen vous montre l’effectif tel qu’il est placé par défaut. Je ferai quelques rectifications avant le début de la partie pour conformer sa disposition avec mon plan.
Analyse du champ de bataille / Plan
Toutes les remarques qui vont suivre peuvent constituer matière à discussion et polémique (je l’espère d’ailleurs !) mais, pour ma part, voilà la façon dont je conçois la situation de ce petit scénario, et tente d’anticiper les « recettes qui marchent » que ce soit -évidemment- de mon point de vue (allemand) ou de celui de l’adversaire (américain)
Que ce soit au niveau des Ordres de Bataille (une section d’infanterie de chaque côté, un appui-feu sous la forme d’un ou plusieurs mitrailleuses et un blindé léger de soutien), des positions de départ respectives (de manière grossière, chacun dans des coins de carte opposés) ou de la physionomie de la carte (un champ central, et un réseau de haies/routier qui « s’enroulent » autour de ce pivot), nous avons affaire à une situation symétrique, adaptée à un Combat de Rencontre équilibré et féroce (30 minutes maximum).
En somme, chaque adversaire joue avec peu ou prou les mêmes cartes en main sur un tapis de jeu qui offrent des opportunités sensiblement équivalentes.
Sur la vue d’ensemble du terrain de jeu ci-dessus, j’ai annoté un certain nombre d’éléments constituants de mon plan de bataille en tant que joueur allemand.
J’anticipe ainsi la constitution de deux bases-feu (la mienne et celle de mon adversaire) qui se feront probablement face de part et d’autre du champ central. Ce dernier aura probablement pour toute la durée de la partie des allures de « Zone mortelle » à découvert, où personne ne pourra s’engager sans encourir un grand danger. J’imagine les bases-feu aux endroits indiqués par des lignes pleines tout simplement parce que ce sont des lieux très bien protégés par des haies de bocage, et qui disposent de lignes de vue assez avantageuses sur le côté opposé.
Je relèverai toutefois -chose qui ne se mesure pas avec cette vue plongeante- que le champ central est légèrement bombé, ce qui a pour conséquence qu’à plusieurs endroits, les duellistes « bénéficient » réciproquement de situations de contre-pente. On peut ainsi tirer au « sommet » du champ et de la carte, mais pas toujours voir ni atteindre la haie opposée.
A côté de ces bases-feu, j’imagine deux voies de contournement qui me semblent naturelles (un pour mon usage, l’autre pour celui de mon adversaire). Ces deux « voies de contournement » ont bien sûr pour objectif de faire la misère à nos bases-feu mutuelles en s’assurant de positions de flanc susceptibles de fournir un avantage tactique décisif et propre à « peler » les dispositifs respectifs.
Dernière remarque: je sais mon adversaire relativement inexpérimenté puisqu’il engage là son premier PBEM. Fort d’une sorte « d’ascendant psychologique » et convaincu que le sort de la partie va se jouer sur un petit nombre d’actions courtes et sanglantes qui devraient donner l’avantage au « meilleur technicien », je n’hésiterai pas dès le début à « activer le pas » pour être le premier à contourner, avant même que la base-feu ennemie soit en place. Normalement, un débutant devrait privilégier une progression lente et précautionneuse – Sur ce dernier point au moins, la suite montrera que je me suis trompé.
Sur ces considérations, nous sommes je crois prêts à passer au déploiement et au premier tour de jeu.
Déploiement / Tour 1
Mes premiers ordres ne sont pas exempts de défauts. Toutefois, l’essentiel est là: j’engage un mouvement soutenu direction « La haie Brigitte » avec environ les deux tiers de mes hommes à pied. Le reste, de petites équipes, prendront position au niveau des bases-feu prévues et mentionnées plus haut (en particulier ma MG 42) ainsi qu’une poignée d’hommes pour observer un éventuel contournement adverse. Je n’engage que précautionneusement mon blindé tenu « en réserve » sur la route principale. Le perdre dans les premiers tours pour l’avoir avancé trop follement serait un désastre… et j’attends d’avoir plus d’informations pour décider d’une utilisation pertinente.
Tous mes hommes appliqueront un ordre « soutenu » qui constitue le meilleur compromis vitesse/vigilance/fatigue et représente dans mes parties sans doute les trois-quarts des mouvements que j’ordonne à l’infanterie. « Courir » est un poil plus rapide mais beaucoup plus fatiguant et surtout, n’autorise pas les coureurs à riposter aux tirs. Je réserve habituellement l’ordre pour les situations où véritablement « il y a le feu au lac » et plus particulièrement dans les cas où il faut incessamment se tirer d’une zone dangereuse (ciblée par un mortier ennemi, à découvert sous une mitrailleuse, bondir entre deux couverts rapprochés sous le feu ennemi…)
Pour le blindé, ce sera une commande « traquer » (elle n’est nullement nécessaire dans le cas présent puisque je suis à peu près assuré d’être hors vue sur toute la longueur -sauf rush adverse) qui m’est à peu près aussi habituelle pour les blindés que « soutenu » pour l’infanterie.
Au terme du tour, les bases-feu sont ou seront très bientôt en place tandis que ma force de contournement est en pleine course vers « Brigitte ». Le blindé s’est arrêté comme prévu au milieu du chemin.
Et…je m’aperçois de ma négligence : un groupe (???) a tout simplement été oublié lors de la distribution des ordres !
J’avais agglutiné lors de mon déploiement de nombreux groupes et équipes à l’extrême bord de ma zone de déploiement, de façon à réduire au maximum la distance qui me séparait de « Brigitte » où je souhaite arriver le premier. Dans cette situation, différencier tous les hommes et les icônes était assez malaisé. Un peu de vigilance aurait suffit à démêler cette pelote compacte, mais vous avez la preuve que je n’ai pas alors beaucoup sollicité cette qualité là.
Je profite par ailleurs de cette image pour évoquer la question des objectifs et des points de victoire qui ont été oubliés au passage. Rien de très original : la maîtrise de la zone centrale de la carte (le verger) me rapporte 150 points. Au vu la surface dévolue à cet objectif de terrain (partie en surimpression verte), autant dire qu’il faut quasiment repousser l’ennemi jusqu’à l’extrême bordure de la carte. Jusqu’à 250 points pour la destruction des forces américaines (en proportion des pertes infligées), et 100 points pour finir de mon côté la partie en dessous de 20% de pertes subies. Peu de marge de ce côté là…
Nous voila donc avec nos « tire-au-flanc » qui ont ainsi pris une minute de retard sur le mouvement d’ensemble. Les conséquences de cette erreur seront-elles décisives ?
Côté « contournement possible des Alliés », je laisse une équipe dans le coin de haie capable d’observer les mouvements ennemis qui se feraient de travers et expédie cinq hommes de l’autre côté de la route pour tenir une position d’embuscade si quelqu’un venait à rappliquer ce ce côté.
Ceux qui traverseront la route le feront par le biais de deux trouées dans la haie de bocage, qui sont toujours très importantes à localiser. Certaines haies n’en ont pas sur de grandes longueurs et il est ainsi possible de se retrouver « bloqué derrière » alors qu’on avait facilement imaginé pouvoir aller plus loin. Là en l’occurrence -et c’est une chance- l’ensemble de la manœuvre devrait se faire hors vue de l’adversaire.
Petite précision : les icônes que vous verrez seront parfois trompeuses. Là, une des deux équipes d’infanterie est signalée comme une équipe AC. En réalité, elle est classiquement composée d’un homme avec une M34, d’un sniper et d’un fusilier « standard ». Le problème vient de l’ordre dans lequel le groupe est divisé (commande administrative). Si le groupe de combat initial est divisé deux fois, la seconde division octroiera une icône « Equipe AC » à l’équipe qui vient d’être créée…quelle que soit sa nature.
Vue rapprochée de mon propre groupe « Contournement ». J’extrais une équipe anti-char de l’ensemble pour aller se poster derrière la haie « Jean-Luc » qui fait face à « Brigitte ». Cette équipe aura pour fonction de faire « vigie » sur le flanc des hommes qui seront bientôt contre « Brigitte » dans le cas où le blindé ennemi s’aviserait de rappliquer par là pour prendre tout mon beau monde en enfilade.
Cette équipe AC (avec un panzerschreck) reçoit un ordre « se cacher ». Cela signifie qu’à la fin de son mouvement, au dernier point de passage, l’unité cherchera à se faire la plus discrète possible et n’ouvrira normalement pas le feu. Ce sont les premiers arrivés sur les lieux, il serait dommage qu’ils se fassent dézinguer d’entrée par des adversaires plus nombreux.
Tout à gauche, on observe que mon équipe MG42 installe déjà les trépieds de l’engin face au champ central…
…et là, je suis légèrement emmerdé. J’avais testé la ligne de vue (voir procédure pour ce faire) au déploiement, mais il s’avère qu’une fois arrivé sur les lieux, elle se révèle beaucoup moins avantageuse que prévue. Je pensais pouvoir embrasser presque la totalité du champ mais me voilà en réalité presque « aveugle » avec une LdV qui ne dépasse pas 30 mètres dans la majorité des cas. Changement de cap, je renvoie illico ma MG42 sur l’autre haie pour couvrir le flanc de mon blindé !
J’ai bien évidemment là aussi testé la ligne de vue à l’arrivée, qui me semble pour le coup moins douteuse. On a toutefois dans le jeu, dans les situations ou les lignes de vue sont « limites », assez souvent ce genre de désagréables surprises. Un ligne de vue présumée excellente se révèle ainsi parfois à l’arrivée être bloquée. On fait avec ces incertitudes. Dans le cas présent, le « coupable » est bien évidemment le champ qui, comme je l’ai dit, est légèrement bombé dans sa partie centrale.
Tour 2
Vue générale pour vous montrer l’apparition du premier icône ennemi. Il s’agit en l’occurrence du blindé ennemi Je sais que c’est un Stuart, qui dispose d’une puissance de feu légèrement supérieure à ma propre caisse à savon -j’ai plus d’armes AC en manière de compensation.
L’ennemi n’a donc pas opté pour un placement sur la route, mais évolue derrière les bâtisses.
La suite du tour m’en dit davantage: le blindé semble précisément avancer vers la haie Brigitte ! Du moins, s’approcher d’une position où il pourra faire feu sur toute sa longueur (parce que mon adversaire ne l’a peut-être pas vu, mais il n’existe pas de voie de passage pour un blindé par là). En tout cas, Aie ! Si ça se confirme, ça peut se corser.
A contrario, les indications que j’ai sur les mouvements du blindé ennemi viennent m’apprendre que j’ai totalement le champ libre du côté « champ central ». Si j’évolue de ce côté, je ne risque pas à court terme d’encaisser des boulettes de 37 mm (contre 20 mm pour mon propre PSW 234/1). reste la possible menace des bazookas ennemis….
Ultime seconde du tour…Ouf ! En effet, du côté « contournement » et haie Brigitte, je repère dans les quelques dernières secondes du tour l’infanterie ennemie qui s’active apparemment à prendre justement position derrière ! Leur localisation n’est pas bien connue mais s’il sont parvenus ici en moins de 2 minutes, c’est qu’ils y mettent du nerf.
De mon côté, le premier groupe qui allait s’élancer à travers la route se trouve opportunément « arrêté » dans son élan par le « Gong de fin de tour »avant de s’engager à découvert…d’où mon profond soulagement.
En effet, dans cette posture, c’est la tentation du « quitte ou double »: si je suis le premier à me poster derrière Brigitte, je serai à même de tirer l’ennemi comme un lapin alors qu’il sera encore dans le champ, et moi bien protégé. Si par contre c’est lui qui parvient avant contre Brigitte, il sera en mesure de me décimer mon groupe qui sera pour sa part en plein milieu de la route. Ce genre de situation se joue « à la seconde » et étant donné le peu d’effectif dont nous disposons chacun, de porter un coup très dur au moins rapide.
Je décide donc de…
… ne pas jouer le coup.
Je suis théoriquement plus expérimenté que mon adversaire et donc à priori plus à même d’avoir un meilleur jeu technique (micro-tactique) dans une situation de confrontation équitable du « fort au fort ». Y aller serait jouer très gros sur un « coup de dés » et remettre à Dame La Chance une bonne part de la décision de la bataille. Je préfère donc temporiser et jouer l’expérience plutôt que le hasard.
Demi-tour donc pour le groupe le plus avancé, tandis que je réoriente l’ensemble de mon mouvement en direction de la Haie Jean-Luc, qui fait directement face (à moins de 30 mètres) à Brigitte.
Précision importante, et c’est ce qui j’espère fera la différence (le côté « astuce technique » du vétéran), je commande immédiatement un tir de zone à l’arrivée contre la haie Brigitte à l’endroit où les américains devraient se poster. Dans les situations de combat très rapprochés où le couvert (et la capacité de dissimulation) sont importants de chaque côté, mieux vaut commander des tirs de zone « préventifs » (c’est à dire défourailler un peu au hasard) plutôt que de laisser faire les hommes qui ne feront rien avant d’avoir visuellement parfaitement identifié l’ennemi. On trouvera dans ce cas précis les avantages suivants au tir de zone.
* On est forcément le premier à tirer (puisqu’on tire avant de voir sur quoi) et ainsi le premier à exercer à minima de la suppression sur l’adversaire, qui voit immédiatement sa capacité de riposte réduite.
* Même si on vise légèrement à côté, une partie de la suppression sera effective et lorsque l’ennemi sera réellement identifié à un autre endroit, l’IA tactique de chaque homme qui « cherche à sauver sa peau » sera suffisamment alertée pour que la cible soit automatiquement modifiée pour la bonne (c’est le cas où est évidemment ravi -et on attend- que les hommes contreviennent de leur propre chef à l’ordre initial)
* Enfin et surtout, à moins de 30 mètres, le tir sur zone va activer le lancer des grenades (!) qui peuvent se permettre de ne pas tomber précisément au bon endroit, mais quelques mètres à côté suffisent (avec un fort pouvoir de suppression même contre des hommes éloignés de l’impact, et destructeur contre des cibles proches).
A plus longue distance et lorsque la capacité de repérage de l’ennemi est meilleure (concrètement, lorsque l’ennemi a été identifié), mieux vaut généralement par contre « laisser » votre unité choisir librement sa cible. Il optera la plupart du temps pour la plus menaçante / celle à laquelle il peut faire le plus de mal.
Je l’ai dit plus haut, je suis convaincu d’avoir à peu près le champ libre avec mon blindé dans la partie centrale puisque le Stuart semble engagé sur le flanc, hors de vue. Je commande donc une avancée et un tir de zone en diagonale contre la maison en bord de carte. Je ne sais absolument pas s’il y a quelqu’un là dedans mais ça ne mange pas de pain et c’est sans risque. Je ne paye pas les obus.
On aperçoit, en bas d’écran, la MG42 en route vers sa nouvelle position…et les « tire-au-flanc » qui devraient enfin se bouger les miches !
Tour 3
Demi-tour du groupe « contournement » qui allait s’engager à découvert sur la route.
« On passe la haie et…
…on la repasse dans l’autre sens ! » (en étant content de ne pas s’être pris une balle dans le dos)
Quelques secondes plus tard, à l’arrivée contre la haie Jean-Luc, ce même groupe débute sa folle mitraillade de Brigitte, sans encore y avoir vu qui que ce soit, mais avec la conviction que les ricains sont dans le coin.
(vue renversée coté « Brigitte ») Et, comme attendu, mes hommes ne sont pas avares de leurs grenades qui tombent et éclatent derrière la haie Brigitte. S’ils y avait des américains qui étaient en train de se poster tout contre, ils ne doivent pas être à la fête !
De fait, je repère bientôt formellement mon premier américain à pied…qui ne court probablement pas dans le sens voulu par mon adversaire ! Yep !
De l’autre côté de la carte, mon PSW 234/1 entame donc sa manœuvre. Il avance de quelques mètres et commence à orienter sa tourelle pour « tirer à tout hasard » sur la maison.
Et, il ne se passe rien. A nouveau trahi par un ligne de vue trompeuse, mon PSW refuse de tirer et reste là, les « bras ballants ».
Par contre, j’observe durant tout le tour l’icône du Stuart qui semble avoir changé d’avis et rapplique bientôt en ligne de vue…Va pas falloir que je reste là moi !
Nous sommes du côté où j’imagine que l’américain peut s’aviser de me contourner. Là où j’ai expédié cinq hommes pour prévenir ce genre de mouvement. Je vous montre deux vues identiques sinon que j’ai ôté dans la première la végétation (ce qui est le cas de la plupart des screens)
J’avance selon l’ordre « traquer », préférant me prévenir de toute embuscade sournoise, et n’ayant aucune vocation à me presser sur ce flanc.
Deux screens pratiquement identiques pour vous montrer que je choisis de diviser en deux le groupe posté derrière Jean-Luc.
Habituellement, se genre d’ordre administratif s’utilise pour faire évoluer séparément deux équipes. Ce n’est pas le cas ici puisqu’elle resteront côte à côte (et se reformeront donc en fin de tour un une seule entité). En attendant, l’artifice me permet de cibler deux cases distinctes en tir de zone plutôt qu’une et ainsi accroître le champ d’action de mes grenades et tirs d’armes légères. Je n’ai pour l’instant vu qu’un américain; je ne sais pas où sont les autres. Je veux donc maximiser mes chances d’en clouer le maximum et de leur faire très mal.
Les tire-au-flanc arrivent enfin à proximité des lieux et auront pour mission d’augmenter encore la largeur de ma zone de suppression, toujours depuis « Jean-Luc ».
Conformément à ce que j’ai dit plus haut, face au retour supposé du Stuart, je choisis prudemment de faire marche arrière avec mon blindé pour rester à couvert derrière les haies (où est arrivée ma MG 42).
On voit à l’extrême gauche le groupe que j’appellerai désormais « Into the Wild » formé par les cinq soldats qu’on voyait « traquer » il y a peu au milieu de la végétation.
Tour 4
Nouvel impact d’une de mes grenades ! (il y en aura d’autres que je ne montre pas) Mes hommes s’en donnent à cœur joie sans toujours distinctement voir l’ennemi…probablement celui-ci est il en train de brouter les mottes de terre en serrant les dents.
Observation importante pour la suite (alors qu’on voit un autre impact de grenade), je vois tout au long du tour une sorte de mouvement d’ensemble des icônes indifférenciés ennemis qui paraissent devoir s’éloigner de la haie Brigitte. J’en conclus que mon action est si efficace ou tout au moins si intimidante pour ceux qui voudraient venir que mon adversaire préfère demi-tour. Je pense là tenir ma chance de pouvoir tirer comme des lapins les américains au milieu du champ si je parviens à prendre position contre Brigitte.
Du côté de ma base-feu, je m’aperçois une nouvelle fois que la ligne de vue de ma MG 42 n’est pas si prometteuse qu’annoncée…holy shit.
Je resterai pourtant dans le coin pour l’instant.
Je l’ai dit un peu plus haut, je perçois dans les signes (imprécis) de retrait de l’ennemi ma chance de pousser mon avantage. Si je parviens à traverser la route sans dommage et me poster contre Brigitte, je peux surprendre tout le monde en train de se replier et tirer de bonnes cartouches dans le dos.
J’ordonne un « assemblage » de tirs de zone durant 60 secondes (pour les hommes qui resteront derrière Jean-Luc en couverture) et de « tirs brefs »associés à des ordres de pause pour ceux qui vont s’élancer à travers la route. J’escompte qu’avec la pétarade des derniers tours additionné à cette nouvelle courte phase de suppression, je ne coure pas un très grand danger à franchir cette trentaine de mètres à découvert.
L’idée était sensée et logique mais, on le verra, pas parfaite dans sa réalisation, pour ne pas avoir tenu compte de « Ce que je ne sais pas et donc je dois prendre en compte ».
Tour 5
Après quelques ultimes rafales préventives, on s’élance avec vigueur pour franchir l’espace entre Jean-Luc et Brigitte !
Mauvaise surprise, je suis accueilli au milieu de la route par un premier impact de grenade (qui n’est pas à moi celle là). Pas de bobo pour celle là mais une jauge de suppression qui commence à s’affoler…La grenade donne le ton : il y a encore quelqu’un pour m’attendre. Gasp !
Et effectivement, dès mes premiers hommes parvenus contre la haie, je commence à y voir plus clair (ce qui ne va pas durer). Il y a un groupe américain une dizaine de mètres derrière assez combatif pour me balancer des grenades et -surtout- un groupe ennemi en biais contre la haie (tout en bas du screen).
Ces soldats ennemis, non repérés jusque là (pas même un icône indifférenciés) sont bels et bien en position de tir et n’ont auparavant jamais subi mes « largesses » en termes de tirs préventifs et projectiles explosifs. Ils n’étaient pas dans mon étroit « couloir » d’assaut.
J’ai en effet bien exercé une très forte suppression face à moi, mais ai négligé de le faire sur les flancs de mon assaut, n’ayant pas imaginé qu’il pouvait y avoir du monde par là. Erreur !
J’encaisse donc logiquement ma première perte.
Mes hommes, toujours contre Brigitte, ripostent sporadiquement. J’arrive à dézinguer un soldat américain mais la supériorité de feu et la suppression ont provisoirement « changés de camp ». Mes soldats sont donc le plus souvent cloués, et je compte deux nouvelles pertes dans mes rangs en quelques secondes. Aie Aie Aie !
Sur les 9 hommes que j’ai engagé, trois sont déjà tombés, deux se sont repliés de leur propre initiative sur Jean-Luc pour avoir craqué au moral et deux autres, également égarés, tentent de prendre la fuite en enfants perdus. Ils sont comme on le voit sur ce screens très vite abattus. Je perds donc en moins de 60 secondes 5 hommes, voit deux faire demi-tour et sauver leur peau…et seulement deux hommes tenir derrière Brigitte, secoués (et ne pouvant donc pas recevoir d’ordre).
Mon initiative semble apparemment avoir tourné au désastre et avoir toutes les caractéristiques de ce qu’on peut qualifier d' »échec cuisant ».
Pourtant, et très paradoxalement, la suite démontrera que cette assaut fût (relativement) réussi. Il aurait évidemment pu être mieux conduit et moins sanglant, mais l’objectif essentiel est atteint. Croyez-moi évidemment qu’au moment où ce tour se joue, je suis bien loin de me douter que j’ai fait là autre chose que commettre une grossière erreur. Et pourtant !
De l’autre côté, le Stuart n’est pas précisément repéré mais il paraît résolument s’engager entre les deux maisons pour rejoindre la route principale.
De là, deux hypothèses: Ou bien il se dirige vers mon propre blindé (côté gauche du screen); ou bien il part vers Brigitte soutenir ses propres petits soldats en tirant contre Jean-Luc.
Je pare à la première éventualité en déplaçant une équipe Panzerschreck (anti-char) pour éventuellement le cueillir dès qu’il s’avise de passer l’angle de la route vers mes positions…
…et pour éventuellement tirer parti de la seconde éventualité, j’ordonne à mon PSW 234/1 de se placer perpendiculairement à la haie afin de pouvoir tirer au travers et prendre le Stuart de flanc. L’outil ligne de vue me dit que c’est OK, ça peut fonctionner. Je crois une nouvelle fois ce que me dit l’outil…
Etat des lieux côté Jean-Luc/Brigitte : deux rescapés secoués derrière Brigitte et un effectif du coup bien réduit par les pertes derrière Jean-Luc.
Je décide de regarnir cette haie en faisant rappliquer mon QG de section ainsi qu’une équipe AC qui était postée derrière, en vigie face au champ central. Autant dire qu’en engageant ces groupes en remplacement, que je n’ai plus de réserve sur ce flanc là.
En haut d’image, j’ordonne à une autre équipe Anti-char de ramper pour trouver un angle de vue en enfilade de la route, afin de pouvoir faire feu sur le Stuart (dont on a parlé juste avant) s’il venait à vouloir enfoncer le clou par ici.
Prends ton temps en tout cas. Je m’étais un peu perdu dans tous les tours de la bataille de Borgio Cassino, la taille de la carte ou sa configuration m’y ont surement aidé mais surtout l’AAR était plus narratif et moins didactique.Dans celui là tu as bien détaillé tes photos avec des schémas et des flèches qui viennent bien en appui avec le texte. J’ai appris plein de truc. Le fait de donner des noms aux éléments de terrain permet de bien se situer sur la carte. Tu nous présentes bien aussi les moments clés de ta réflexion où tu dois choisir entre une option ou une autre en les présentant toutes les deux.
C’est curieux ces choix de noms pour les haies.
Le syndrome de Diên Biên Phu ??
Mais que fait « Jean-luc » ici ?
Excellent AAR.
Je viens d’acquérir CMFB et me documente avant de commencer à jouer…
Bienvenu à bord La Bavure 🙂
Effectivement, c’est un clin d’oeil au fameux camp retranché avec ses collines féminines « Isabelle », « Huguette », « Eliane » …ect
La haie Brigitte, la haie Jean-Luc….nan, toujours pas ? 😀
Pour l’essentiel, concernant les titres WW2, toutes les remarques techniques et tactiques pour l’un des jeux valent pour tous les jeux. 🙂
« Jean-luc », « Brigitte »… Ok, ok.
Je me régales à lire les articles de ce blog. Très bien écrits, constructifs et avec un humour décalé.
Par contre quelle « radinerie » au niveau des grisbis! 1 par connexion!
Il est où, le coffre, que je puisse le braquer ?
« Du grisbi pour les braves »…
Le coffre est ici 🙂
Et oui, 1 seul Grisbi par connexion, parce que cela constitue une « activité » passive qui ne profite à aucun des autres lecteurs (c’est à dire, finalement, qui n’incite personne d’autre à se connecter pour voir s’il y a « du nouveau »).
Si tu n’y as pas déjà fait un tour, je t’incite à consulter le (long si on y ajoute les commentaires) « Lisez-Moi » qui détaille la « logique participative » du site. Un crochet par « Rédigez vos articles » peut aussi t’affranchir d’une méthode de braquage assez efficace. 🙂
Ainsi, par exemple, un participant qui fructifierait 20 min, 30 min ou 1 heure de son temps (en fonction de son inspiration et de son propos) pour rédiger et publier un billet pour les autres empocherait l’équivalent de plus de trois mois de connexion quotidienne…ce qui suppose que l’article n’est même pas « vendu » par son auteur. Si c’est le cas, on peut facilement tabler sur plusieurs centaines en quelques jours. Certains membres ont fait fortune avec finalement peu de choses. 🙂
Note déjà qu’avec tes deux commentaires cumulés et grâce aux primes de « premières contribution », tu as déjà engrangé 100 Grisbis sans trop suer. 🙂
Merci pour les compliments sinon hein, dont je prends ma part aux côtés des autres rédacteurs.
Sérieusement, à quel degré dois-je comprendre ta perplexité ? 😀
Hé hé…
Quel chuchpenche.
Excellent AAR avec peu d’unitées , donc on se retrouve facilement , en plus , on en apprend pas mal sur des techniques pour se battre dans le bocage !
Effectivement c’est un bon scénario. J’avais joué les Allemands contre l’I.A. il y a quelques mois (et pour la première fois pour moi en « temps réel ») et je constate que Carlos a eu la même tactique à part que j’avais rencontré de grosses difficultés avec des Ricains retranchés dans les maisons… Heureusement que le PSW était présent!
Héhé pas mal le coup du tir de zone pour stimuler les troupes à s’orienter vers une direction 🙂
Très très sympa à lire !
Eh bien je laisse ici mon premier commentaire après ce superbe compte rendu. Je ne connaissais le jeu que par la revue Armchair General et des videos youtube. Je joue à Heroes of Normandie, mais le brouillard de la guerre tel qu’il est présent dans combat mission est irremplaçable. Je compte me procurer le jeu dès que possible et rejoindre votre communauté d’ici quelques temps bien que j’ai peur de devenir complètement addicte!
Bienvenu à bord Mulberry 😉
Tiens, p’tite question comme ça : tu as reçu normalement ton mail automatique d’inscription sur le blog ?
Si c’est le cas, on dirait que c’est la fin des soucis. 🙂