Sous le soleil de Terre Adélie

revoltes-du-bounty-1962-02-gJ’habite à l’Est, très à l’Est. Je crois ainsi pouvoir dire que je suis l’un des premiers en France qui devrait voir le soleil se lever, s’il daignait faire escale chez moi. Car il fait froid ici, très froid.

Afin que le Véritable Parisien -qui renâcle naturellement aux excursions sauvages par-delà la Francilienne- puisse me situer, j’habite à une distance équivalente à environ 10 fois la longueur du périphérique si on le dépliait en ligne droite, ou encore 92 fois la distance Saint-Michel-Place de l’Étoile par la route. Cela me situe donc bien au delà de la « Dernière Station avant le Bord du Monde » ou « Marne la Vallée-Gare » tels que les non-franciliens la désignent sur leurs cartes routières.

S’il vous prenait l’envie de me rendre visite, vous devriez traverser à mi-chemin le Morvan, qui constitue un Ersatz local des Carpathes assez convaincant. Cette région est si désolée et inhospitalière qu’on trouve heureux que la grêle succède à l’orage ; les animaux sauvages sont si nombreux, et les habitants en conséquence si féroces qu’un enfant y devient la risée de son village s’il n’a pas tué son propre loup avant l’âge de six ans. Ce n’est pas par simple tradition désuète qu’on place un couteau aux côtés d’un couffin, c’est bien pour que le nouveau-baptisé soit prêt à s’en servir !

Bref, je suis au delà, bien au delà, c’est pour vous dire !

Aussi, lorsque vendredi soir, à l’heure pile où le chauffagiste le plus zélé rejoint sa famille, ma chaudière a claqué, on sentait instantanément la Mort Glacée s’infiltrer par tous les interstices. Le froid mortel, charrié par un blizzard sifflant et impitoyable, n’attendait sournoisement que ce genre de défaillance pour nous enserrer de son étreinte frigorifique. Il avait la certitude de nous tenir entre ses griffes tout le week-end.

Pendant quatre jours, ce n’est que grâce à un ridicule convecteur que moi et ma petite famille avons pu assurer notre précaire survie, enclos dans les quelques mètres carrés d’une chambre qui était toute la surface qu’il était ainsi possible de chauffer décemment. Durant ces quatre jours, vous remémorer de la sortie à l’extérieur des premières minutes de « L’Armée des 12 Singes » ne vous donnera pas une faible image de chacune de mes courtes expéditions dans les autres pièces de l’appartement. Nous avons ainsi passé la majorité de notre temps à remater les péripéties de la Famille Ingalls, à la recherche des épisodes où ceux-ci nous montraient comment procéder à leurs ablutions dans le même dénuement que celui auquel nous étions réduits.

Vous savez maintenant à peu près tout de mon existence, mis à part la connaissance du nombre de mes cors aux pieds, que je vous réserve pour un prochain article.

Il ne vous faudra pas aller chercher plus loin les raisons d’un billet plus tardif que de coutume. Car vous devez imaginer que je n’avais qu’un appétit assez modéré pour tenir le rôle de Jérémiah Johnson devant mon ordinateur de salon, et risquer de laisser sur mon clavier quelques bouts de peau arrachés à mes doigts par la morsure du froid.

…Et tout cela -Quel Comble!- pour vous narrer les évènements d’un mois de juillet sous le soleil implacable de Sicile !

Dernier ajout:

* Tours 47 à 63 –Suite et fin du récit de partie « Bataille pour Borgo Cascino », scénario de Combat Mission: Fortress Italy.

Cette entrée a été publiée dans Fortress Italy, Récits de parties. Placez un signet sur le permalien.

One Response to Sous le soleil de Terre Adélie

  1. Li-An dit :

    En fait, il faut bien l’avouer, les plages à Tahiti laissent à désirer…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *